Les Villages "Nithart"

Riedisheim

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Bien que moins intéressant qu’Eschentzwiller sur un plan historique, le village de Riedisheim est également très ancien. Jean-Jacques NIDHART né à Eschentzwiller, s’est établi à Riedisheim après son mariage avec Barbara Juncker à Eschentzwiller en 1649. Il est ainsi le premier de la lignée à s’être installé à Riedisheim. Il devait posséder quelque argent, car il semble avoir été très à l’aise dès son installation. A part Jean Louis NITHARD, descendant de Bartholomé NITHARD de Rixheim, Jean Jacques est le "fondateur" de presque toutes les lignées NITHART/D existant aujourd’hui: lignée "Parisienne (par Guillaume), Lignée "hors Alsace" (par Joseph), lignées "de Riedisheim" par Joseph et Jacques) etc.

Riedisheim partage avec Rixheim la pointe septentrionale des coteaux sundgauviens, qui dessine un promontoire dominant le confluent de l’Ill et de la Doller dans le fossé rhénan.. La quasi totalité de son territoire occupe les vallonnements du horst de Mulhouse. Riedisheim est tellement près de Mulhouse que l’on peut considérer qu’il est un quartier périphérique, un peu cité dortoir...

Si on trouve à Riedisheim, comme dans beaucoup d’autres villages, des sépultures proto-historiques, il y a de nombreux vestiges paléolithiques (-120.000 à -80.000 avant notre ère) dans la glaisière Hartmann; une occupation mésolithique (-9.000 à -4500) dans la zone industrielle de Mulhouse Est; des habitats danubiens (-4500 à -2500) dans la ZI de Mulhouse E., une nécropole de la même phase près de la ZI de Riedisheim, a proximité de Rixheim. En fait toutes les phases d’occupation du territoire jusqu’à ce jour sont présente sur le territoire de Riedisheim, incluant un important habitat du haut Moyen Age.

Sur le plan toponymique, on trouve Rudinisheim en 1004, Ruodinisheim en 1040, Ruedinsheim en 1249, Ruodesheim en 1278, Ruodinshen en 1300, Ruedishein en 1441,89 et 95, Ruedesshein en 1498, Riedesse(n) en 1534,Ruedissenn en 1562, Riedesheim en 1832 et Riedisheim également en 1832.

Ce nom de lieu a fait l’objet de deux interprétations:

- Pour les uns, il s’agirait d’un géotoponyme, cristallisé autour d’une zone marécageuse (Ried)- Pour les autres, il serait dérivé d’un anthroponyme germanique: Rudo, Rudi, diminutifs de Rudolf. La désinence en "Heim" indique une origine franque. Rappelons qu’Eschentzwiller est d’origine alamanque.

Le village de Riedisheim est mentionné pour la première fois en 1090 dans l’acte de fondation du prieuré de St Alban de Bâle.

Cependant, l’archéologie a démontré l’antériorité du village par un habitat mérovingien-carolingien comprenant une vingtaine de masures groupées autour de la demeure du villicus. Des colons francs, libres, implantés là au VI ème siècle ont vu leur statut social se dégrader par la suite, probablement sous la pression de seigneurs laïcs ou ecclésiastiques, si bien qu’au VII ème siècle, ces demeures n’étaient plus habitées que par une population servile dont l’indigence se fit croissante.

La structure des habitats révèle la coexistence des ethnies alamanque et franque qui ont fusionné. Les contraintes économiques de l’époque ont acculé cette cellule rurale à l’autarcie: l’activité du village était basée sur l’agriculture céréalière et sur l’élevage et se complétait par un artisanat de première nécessité.

Il reste à Riedisheim plusieurs maisons du XVII et XVIII ème siècle dont plusieurs ayant appartenu à des membres de la famille Nithart.

Au IXI ème siècle, Riedisheim faisait partie de la seigneurie d’Altkirch, relevant des comtes de Ferrette, puis, à partir de 1324, des Habsbourg. Le village était inféodé aux sires de Berckheim de la fin du IXI ème à 1361, puis aux Huse. En 1495, l’empereur d’Autriche Maximilien Ier accorda à titre héréditaire le fief de Riedisheim au comte Oswald de Thierstein, bailli d’Altkirch. A l’extinction des Thierstein en 1523, Riedisheim retourna à l’Empire et passa, tout en relevant du bailliage de Landser, aux comtes d’Ortembourg-Salamanca.

Ceux-ci fortement endettés contractèrent plusieurs emprunts auprès de la ville de Mulhouse pour un montant de 12600 florins. Riedisheim ainsi que Brunstatt et Pfastatt furent engagée. Mulhouse, jamais remboursée, tenta de profiter de l’administration suédoise pour entrer en possession de Riedisheim. Mais, en même temps, les biens des vassaux autrichiens furent distribués aux lieutenants du duc de Saxe-Weimar; Jean de Rosen mit ainsi la main sur le village qu’il abandonna à Mulhouse la même année (1639).

En 1640, Mulhouse adressa une requête au roi de France pour obtenir la confirmation de ses droits. De 1640 à 1642, Mulhouse usa de tous les moyens (vexations, amendes, emprisonnement, ventes forcées, profitant de la misère des habitants de Riedisheim consécutive à la guerre de trente ans.. Les Mulhousiens multiplièrent les achats de vignes à Riedisheim pour recouvrir les sommes engagées. Riedisheim se plaignit en 1646 auprès du major d’Erlach, gouverneur de Brisach. A la suite de quoi, le roi ordonna à d’Erlach de mettre la main sur les revenus de Riedisheim.

En 1647, les prétentions Mulhousiennes sur Riedisheim furent contrecarrées par les revendications du sieur de Vignancourt, gouverneur de Porrentruy, investi par jugement des seigneuries de Brunstatt et Riedisheim. En 1653, Mulhouse perdit définitivement ses droits sur le village, quand les héritiers des Fugger, créanciers d’Ausbourg, obtinrent l’adjudication des villages ortembourgeois. Riedisheim, Brunstatt et Didenheim furent acquis en 1654 par Martin Besenwald, conseiller de Soleure. Les Besenwald restèrent les seigneurs de Riedisheim jusqu’à la Révolution.

Indépendamment des cens, amendes, locations et autres revenus, trois dîmes étaient perçues à Riedisheim au XVII ème: 1) la seigneuriale, 2) celle due à l’hospice de Mulhouse et enfin 3) celle due à la Commanderie Teutonique de Mulhouse-Rixheim. L’Ordre Teutonique avait obtenu le quart de la dîme en 1354 de l’empereur Charles IV, et possédait une cour au "Marxgarten".

Riedisheim fut incendié pendant la guerre des paysans et durement touché pendant la guerre de trente ans. Le village fut estimé à 28718 florins en 1629, avait été complètement dévasté. En 1639, on ne comptait plus que 30 bourgeois et seulement 7 en 1640. Sa vente, avec Brunstatt et Didenheim en 1654 ne rapporta plus que 18000 florins.

Riedisheim fut pillé en 1815 dans le cadre des guerres napoléoniennes par les armées autrichiennes. En juin, 60.000 soldats autrichiens et badois installent leur campement au delà du canal. Le 28 juin, des soldats, principalement des badois conduits par le sérénissime archiduc Ferdinand se sont rués sur Riedisheim. Ils ont volé le mobilier des maisons et pillé et détruit l’intérieur de l’église; incendié de nombreuses maisons, emmené toutes les bêtes, maltraité les hommes y compris le curé et violé les femmes sans différence d’âge dont plusieurs femmes de plus de 80 ans . Tout ça en 24 heures !!!

En 1914-18, de nombreux combats eurent lieu dans et aux abords du village faisant 110 victimes militaires et 4 victimes civiles.

La deuxième guerre mondiale fut plus meurtrière: 83 victimes militaires, 48 non rentrés de la Whermacht. Les bombardements de Mai et Août 1944 firent 52 victimes civiles.

Économie et population - Riedisheim aujourd’hui:

Le vignoble fut important et est mentionné pour la première fois en 1101-1103. La viticulture eut à souffrir de la guerre de trente ans. Ce vignoble appartenait à l’ensemble viticole du N.E. sundgauvien. Par son étendue, avant les ravages du phylloxéra, il se plaçait en troisième position.. L’enquête agricole de 1970 montre qu’il n’y a plus de vignes à Riedisheim.

L’agriculture était importante avec des production de seigle, avoine, épeautre, froment et autres produits. Cette activité a fortement décliné ainsi que l’élevage. En 1907, l’enquête agricole dénombrait à Riedisheim 345 foyers possédant des animaux d’élevage. En 1968, on comptait 23 agriculteurs exploitants et 9 salariés agricoles. Début 1979 on ne compte plus qu’un exploitant vivant exclusivement de l’agriculture, et cinq ouvriers-paysans. Fin 1980, il reste un agriculteur exploitant, 5 horticulteurs, un éleveur de poules et un paysagiste..

Sur le plan commerce et artisanat, vers 1900 il y avait 244 commerçants pour 3422 habitants. En 1970, pour 10380 habitant, ce chiffre est tombé à 166.

Au tournant du siècle, Riedisheim, après une phase d’urbanisation liée au développement de Mulhouse, a connu une phase d’industrialisation: une carrière, un moulin à huile, une fabrique d’asphalte, une scierie à vapeur et une usine de traitement de traverses de chemin de fer.. La plupart de ces activités périclitèrent rapidement. Ce n’est qu’au début des années 1960 qu’une seconde phase d’industrialisation fut entamée, avec la création de deux zones industrielles regroupant des dépôts de carburants et matériaux et unités de production.

Du fait de la proximité de Mulhouse, Riedisheim bénéficia très tôt de transports reliant les deux villes (transport hippomobile avant 1914 et le tramway de 1927 à 1955. Le raccordement au réseau d’adduction d’eau de Mulhouse date de 1886/87.

Pour donner une idée de la population, on dénombrait 35 feux en 1720,107 en 1751, 224 en 1788. On comptait en moyenne 5 personnes par "feu". En 1860, elle atteint 2000, plus de 5000 en 1910.Après la guerre, en 1946, la population était de 6976 personnes; elle passe à 8180 en 1960; à 10380 en 1970; à 13218 en 1980 et, au dernier recensement de 1991, à 12008 habitants. Riedisheim est maintenant imbriqué dans l’agglomération Mulhousienne et bien que la commune est refusé de faire partie du district urbain, une coopération intercommunale s’est établie sur de nombreux plans. En pratique, on peut dire que Riedisheim est devenu un quartier de Mulhouse et un peu une cité dortoir. Le cadastre allemand directement issu du cadastre napoléonien datant de 1828 est toujours en vigueur.

Si Riedisheim était encore un petit village à l’aube des temps modernes, son développement a été rapide et très lié à l’industrialisation de Mulhouse. La vocation résidentielle de Riedisheim s’affirma très tôt, au détriment de son développement industriel. Par rapport aux 5 communes les plus peuplées du canton, confrontées aux caractéristiques de leurs populations, on peut admettre que Riedisheim est, des communes de la ceinture est de Mulhouse, la plus "évoluée" en ce sens qu’elle se rapproche le plus du stade de ville (avec les infrastructures appropriées et un secteur tertiaire de type citadin). Tout se passe comme si son développement démographique se calquait, avec un léger décalage dans le temps, sur celui de Mulhouse.

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