La Fabrique: 

une vieille institution de plus de 15 siècles!

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La création des fabriques est très ancienne et remonte aux premiers siècles de la chrétienté. Le mot "fabrica" signifie "le bâtiment de l'église" et tout ce qui le concerne, entretien inclus. A l'origine (III ou IV e siècle?) tous les revenus de l'église étaient divisés en quatre parts dont une allait à la fabrique. D'après le droit canon ancien, l'administration de cette part était confiée au curé ou son représentant. Ce droit ne fût pas toujours respecté, des éléments laïcs se substituant ou s'adjoignant au clergé.  Lorsqu'un seigneur fondait une église/chapelle privée, il se réservait tous les pouvoirs d'administration. 

Cette pratique s'étendit des  villes vers les campagnes où des fabriques furent constituées par des laïcs, souvent des notables en collaboration avec le curé, dès la fin du XII e siècle. Cette évolution fut consacrée par le concile de Trente au XVI e siècle.

Cette institution a, de nos jours, pratiquement disparue en France, à l'exception des départements du Bas Rhin, du Haut Rhin et de la Moselle où le concordat subsiste.

Les fabriques avaient à leur charge, dès l'origine, la construction et l'entretien des églises et des presbytères. Par la suite elles furent déchargées de ces obligations qui retombèrent sur les décimateurs. Ceux-ci, du fait qu'ils profitaient par engagement ou inféodation d'une part plus ou moins importante des dîmes, étaient tenus pour responsable du choeur, de la sacristie ainsi que de la tour si celle-ci surplombait le choeur, et de la sacristie. La communauté (la population) assumant elle la construction et l'entretien de la nef des églises et en partie du presbytère.

Quand l'Alsace devint française, les fabriques n'avaient plus qu'à pourvoir aux frais du culte et aux menus frais d'entretien de l'intérieur de l'église. Le curé, sur sa dîme, devait entretenir le presbytère.

A partir du  XVII e siècle, en Alsace,  les fabriques comprenaient quatre membres en plus du curé. Le personnage le plus important était le trésorier (appelé fabricien (oeconomus, procurator ecclesiae, Kirchenmeyer ou Kilbert) responsable de la finance et de la bonne tenue des livres de comptes. Ceux-ci n'étaient par forcément des érudits forts en calcul, mais des gens ayant un bon sens des affaires. Certains ne pouvaient signer que d'une croix comme à Mittelwihr en 1706-1707!

Le trésorier n'était pas toujours à la hauteur de ses fonctions, entraînant des retards, des problèmes financiers ou même des actes de malhonnêteté. A titre d'exemple, à Eguisheim, le trésorier apportât en même temps les comptes des années 1755 à 1761; à Rodern, il n'y avait plus d'huile pour la lampe du sanctuaire suite à des comptes incompréhensibles. A Ingersheim, le trésorier usait des deniers de l'église pour payer ses dettes et devait a titre personnel plus de 260 livres à la fabrique entre 1783 et 1787. Certains faisaient de grosses erreurs d'affectation, faisant supporter à la fabrique des dépenses relevant de la communauté; A Soultzbach, par exemple, en 1684, la fabrique supporte les frais d'un banquet alors qu'il n'y a plus d'argent pour alimenter la lampe du sanctuaire; à Holtzwhir, à la même époque, l'argent de la fabrique était utilisé pour des dépenses civiles relevant de la communauté comme la reconstruction du mur du cimetière, ne laissant plus d'argent pour les cierges, l'huile etc.

Des ordonnances royales fixèrent  des reddition de comptes sur une base annuelle. Ces redditions étaient obligatoirement gratuites et se faisaient devant le Marguillier et devant les ordinaires ou leurs vicaires généraux. Cette pratique se révéla fort utile: a Ribeauvillé, par exemple, les comptes n'avaient pas été vérifiés de 1710 à 1725, par la défaillance du trésorier et l'absence de contrôle du curé.

Il y avait aussi les redditions extraordinaires à l'occasion de la visite d'une autorité diocésaine ( évêque, vicaire général ou le doyen). Un édit de 1695 stipule: "enjoignons aux Marguilliers, Fabriciens de présenter les comptes des revenus et de la dépense des fabriques aux archevêques, évêques et à leurs archidiacres au jour indiqué avec un préavis de quinze jours, sous peine de six livres d'amende etc...). A Riedwihr, en 1684, la reddition des compte fut fixée le même jour que pour ceux de la communauté, les Officiers, greffier, juge et prêteurs se penchaient sur les deux registres et festoyaient avec les fabriciens. Si dans certains villages les frais étaient partagés, dans d'autres les fabriciens, généreux, payaient pour tout le monde!

Par un meilleur contrôle et choix des fabriciens, ces problèmes disparurent progressivement.

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