Les Oeuvres charitables à Mulhouse.

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Contrairement à ce qu'on peut observer ailleurs en Alsace, les institutions sociales et oeuvres charitables à Mulhouse n'étaient pas issues des églises paroissiales et maisons religieuses. L'hôpital, la léproserie et l'hospice semblent être des initiatives communales, même si ces établissements possédaient des chapelles.

La léproserie. Elle existait au début du XIV e siècle. Il est toutefois possible qu'elle fut fondée au XIII e, coïncidant, ainsi que l'hôpital, avec l'arrivée de l'ordre de St Jean. Ces deux institutions seraient passées ultérieurement aux mains de la ville. Les rares documents du XIV e siècle concernant la léproserie concernent sa chapelle dédiée à Ste Catherine. En 1332, le curé Zacheus légua des fonds pour la remise en état  et augmenter la prébende du chapelain. Peut-être à cause de la période d'interdit de la ville, la consécration du nouveau choeur et maître-autel  n'eut lieu que le 7 juillet 1351 par le coadjuteur de l'évêque de Bâle. On peut citer le chapelain Jean de Hirtzbach qui desservit cette chapelle pendant 55 ans, de 1441 à 1496. Depuis 14428, les prébendes de Ste Catherine et du St Esprit (l'hôpital) étaient unies et desservies par un seul chapelain.

L'hôpital: La première mention écrite remonte à 1316 et concerne un don des filles de Jean Meienhart à l'hôpital des pauvres (unsirm armen spital). Ce document révèle l'existence d'un économe (spital pfleger) indiquant une existence déjà ancienne mais dont la date n'est pas connue. Il devait se trouver avec la léproserie, hors la porte de Bâle, sur l'emplacement que des bâtiments de l'ancien asile des lépreux ont occupé.

Un incendie détruisit l'hôpital en 1337, mais il fut immédiatement reconstruit. Il semble avoir été transféré à l'intérieur de la ville vers 1368 comme l'atteste l'autorisation de transfert de la léproserie par l'évêque de Bâle datée du 29 mars 1368 (domus habitationis bonorum hominum) Il faut préciser que l'usage général, pour éviter la contagion, était d'avoir toujours la léproserie hors les murs. Cette décision de l'évêque ne peut se comprendre que si celle-ci et l'hôpital ne forment qu'un groupe de bâtiments communément désignés comme "la maison des bonnes gens". Le texte de 1368 ne concerne en fait  que la partie hospitalière, car la léproserie est effectivement restée hors les murs.

Il est hors de doute que l'hôpital  était hors les murs en 1335 (référence: une lettre d'indulgence de douze évêques pour l'autel et la chapelle  de l'hôpital dédiée au St Esprit (capella sancti spiritus extra muros). On le retrouve en ville rue du sauvage en 1368.

L'hospice (pfrundhus): C'est une création tardive qui remonte à la fin du Moyen Age. L'hôpital de Mulhouse recevait les pauvres et les indigents âgés ou impotents. Ceux-ci étaient hébergés et soignés gratuitement aux frais de la ville. On y accueillait aussi les bourgeois aisés qui payaient eux-mêmes leur pension ou la rachetait à forfait. En 1503, l'hôpital fut scindé en deux. Un nouvel établissement fut créé qui ne devait prendre que des pensionnaires payants. C'était l'hospice.  Les pauvres et indigents ont continué à être reçu à l'hôpital. Il n'est nulle part fait mention d'une chapelle à l'hospice. Le chapelain de l'hôpital devait le desservir également.

Fondations: Parmi toutes les fondations du Moyen Age on peut citer celle du "drap des pauvres" qui était la plus importante, remontant à 1367 ou 1373. Elle est due à l'initiative de l'écuyer noble Wetzel de Heimsbrunn qui, en plus de la fondation de la deuxième prébende de l'autel St Nicolas à l'église paroissiale, légua également une rente annuelle de 51 florins à l'église St Etienne, dont 21 florins pour l'autel St Nicolas, vingt à la vigile du mercredi et dix pour le drap du pauvre. Ce dernier devait être géré par le chapelain primissaire de l'autel St Nicolas chargé d'acheter chaque année à Mulhouse, le jour de l'exaltation de la Croix (le 14 septembre) et le jour de la St Gall (le 16 octobre), jour de la grande foire de Mulhouse, du drap pour les pauvres et de leur faire confectionner des vêtements. Ceux-ci devaient être distribués sur la tombe même du bienfaiteur, permettant un contact matériel et spirituel avec celui-ci. Le chapelain ne respecta pas ses engagements et ce n'est que suite à des procès et une sentence de 1379 que les pauvres purent enfin bénéficier de cet avantage! Cette fondation qui récolta de nombreux legs et dons au cours du XV e et XVI e siècle, disparut en 1537 lorsque les fonds furent définitivement transférés à l'hôpital.

Une autre fondation, plus modeste, en faveur des pauvres a été faite par le commandeur de l'ordre de St Jean à Mulhouse. Elle était constituée d'une rente annuelle de cinq quartauts de grains à l'église paroissiale devant être gérée par le chapelain de l'autel de la Vierge. Ce dernier pouvait conserver pour lui un quartaut pour la messe due au fondateur et distribuer les quatre autres  aux Quatre Temps à des pauvres, à raison d'un quartaut chaque fois. Pour sa peine, le chapelain pouvait retirer trois setiers par an sur les quatre quartauts. 

Des actions ponctuelles eurent lieu parfois pour distribuer des surplus aux pauvres. Il est fort probable que les églises, couvents et commanderies ainsi que les habitants par leurs aumônes ont secouru les pauvres dans la limite de leurs moyens.

Confréries religieuses: Ces confréries de doivent pas être confondues avec professionnelles (zunft) organisées par métiers pour la défense de leur profession. Il s'agit ici de confréries de solidarité chrétienne. Dans ces confréries, les différences d'ordre professionnel ou social s'effaçaient .Tous les adhérents, riches ou pauvres, nobles ou roturiers, jouissaient sur un pied d'égalité de tous les avantages que la confrérie réservait à ses affiliés. La sollicitude de ces confréries, en plus de l'aide morale et spirituelle, recouvrait: la contribution aux frais d'enterrement, des subsides en cas de maladie ou d'indigence, l'assistance aux veuves et orphelins, la participation des confrères aux cérémonies et prières précédant et suivant le décès, la célébration à frais communs d'offices à l'occasion de fêtes patronales, vigiles et messes anniversaires.

La plus ancienne était la confrérie de la Ste Vierge. Elle avait son siège à St Etienne et sa fondation remontait à environ 1270. Elle subsista jusqu'à la Réforme sous la dénomination de "Capplanen Brudershaft". Elle avait aussi le nom de confrérie des chapelains car elle avait été fondée jadis par la paroisse. Une bulle du pape Jules II du 30 décembre 1512 l'autorise à avoir jusqu'à 300 membres, le mari et la femme comptant pour un. Les confrères avaient le libre choix du confesseur séculier ou régulier, des indulgences particulières en faveur de ceux qui s'affiliaient à la confrérie ou qui lui tendent une main secourable, ainsi qu'aux adhérents qui participeront à la célébration d'un certain nombre de fêtes. Cette bulle n'est, en fait, que la confirmation du statut ancien en vigueur depuis sa création.

Deux autres confréries, de création tardive (milieu du XV e siècle) existaient aussi à Mulhouse. Il s'agissait de la confrérie de St Sébastien et de celle de Saint Roch. Leur siège était à l'église des Franciscains.

Ces confréries surent dissoutes le 30 octobre 1524 au moment de la Réforme.

Les écoles:  En général, au Moyen Age,les écoles relevaient du domaine des églises. A Mulhouse, dès le milieu du XIII e siècle, on constate que les autorités civiles de la ville avaient une voix prépondérante dans l'organisation et l'administration des écoles. Le bourgmestre et le conseil de la ville procédait à la nomination des maîtres d'école. Après avoir engagé quelques clercs vers le milieu du XIIIe siècle, les recrutements suivants ne concernaient que des laïques. Les locaux où se tenaient les classes étaient fournis par la ville ainsi probablement que le chauffage. Une modeste rétribution en argent ou en nature était allouée  à l'instituteur qui était logé et nourri  à la commanderie de l'ordre Teutonique. qui devait supporter cette charge, bénéficiant de la collation de l'église paroissiale. C'était donc une institution a caractère mixte, paroissial et communal.

Vers 1450, les classes latines furent transformées en une école latine distincte de l'école primaire. Les élèves de cette nouvelle école possédant déjà des rudiments du latin passaient au moins deux heures par jour sur leurs heures de classe à servir l'église pour les messes et cérémonies, chants etc. tenant le rôle d'enfant de choeur.

Pour l'époque concernée, c'est un exemple assez rare d'institution laïque et ecclésiastique en même temps!.

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