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| Les Commanderies et Ordres Mendiants, au Moyen Age A partir du début du XIII e siècle, on compte 7 établissements religieux à Mulhouse: la commanderie Teutonique (vers 1230), la commanderie de St Jean (vers 1240), le couvent des Augustins (en 1268), le couvent des Franciscains (vers 1260), le couvent des Clarisses (vers 1285), l'hospice des Dominicains (vers 1290), et une procure des Cisterciens de l'abbaye de Lucelle (vers 1224). A l'exception des Dominicains, tous les autres ordres possédaient des églises conventuelles ou des chapelles. Seules celles des ordres étaient réservées aux membres et à leur personnel. Vers 1350, les Augustins, Franciscains et les Clarisses comptent environ 15 religieux chacun. Les Teutoniques 8 frères chevaliers et prêtres, les Johanniques environ 6, et 1 ou 2 Cisterciens seulement à la procure de Lucelle. A ce total d'une soixantaine Il faut ajouter environ 15 à vingt béguines du Tiers Ordre. Le clergé régulier était donc supérieur en nombre au clergé séculier (paroissial) qui ne comprenait alors qu'environ 30 personnes. La population de la ville de Mulhouse étant estimée à environ 1800 à 2000 habitants, le tout représentait quand même 5 à 6 % de la population! La commanderie Teutonique: Dès le début, les chevaliers ont occupé une place prépondérante dans l'histoire de la ville. Il semble que leur établissement date d'une donation de 1230. Leur puissance et leur rang tient surtout au fait que dès leur arrivée, et pendant longtemps, ils ont détenu le droit régalien de monopôle des moulins et, à partir de 1381, le patronage de l'église paroissiale. En plus, l'ordre lui-même, avait la protection de l'empereur. Leurs biens de l'ordre étaient nombreux dans la région et dépendaient en grande partie de leur colonge de Rixheim. A l'origine, la commanderie se trouvait dans la ville basse, près de l'église St Etienne. Elle faisait partie du baillage d'Alsace et Bourgogne de l'ordre. Ce baillage était placé sous l'autorité d'un bailli provincial (Landkomthur) qui résidait à Altshausen et gouvernait les huit commanderie d'Alsace plus quelques unes en Allemagne. Celles de Mulhouse et Rouffach (1215) étaient les plus anciennes. La commanderie de Mulhouse était dirigée par un commandeur (Hauskomthur), assisté d'un trésorier (Trissler). Elle comprenait des frères chevaliers (Ritterbrüder) qui devaient prouver leurs quartiers de noblesse, des frères prêtres (Brüder mit cruz) qui devaient prouver leur ordination et des frères servants (Dienende Brüder ou frères convers) comme domestiques. La commanderie des Johannites (ordre de St Jean): Les chevaliers de St Jean ou johannites sont à Mulhouse depuis environ 1240. Le document le plus ancien les concernant est de 1249 et indique leur présence depuis une dizaine d'années. Leur église, la commanderie étaient dans la ville haute, dans l'ancien domaine épiscopal. L'église était l'église paroissiale primitive St Jean consacrée en 1261 et remaniée plusieurs fois au cours des siècles. Leur dénomination changea en chevaliers de Rhodes en 1308 et en chevaliers de Malte en 1530. Ils étaient organisés en huit langues dont chacune avait plusieurs prieurés. Les commandeurs d'Alsace dépendaient du grand prieur d'Allemagne. L'organisation de la commanderie en chevaliers, prêtres/chapelains et frères servants était comparable aux Teutoniques. Le couvent des Augustins: Il semble que quelques ermites se regroupèrent vers 1268 sous la règle des ermites de St Augustin fondée en 1256. La ville étant alors sous interdit avec excommunications, les clercs séculiers et l'église paroissiale ne célébraient plus le culte et la population recourait alors au clergé régulier des Augustins (et Franciscains également). Ils construisirent un couvent et une église en bordure de la place de la Concorde, sur un terrain vendu par les Johannites. Un autel de l'église et le cloître furent consacrés en 1269. L'église était dédiée à la Ste Vierge, à St Pierre et St Paul, et à St Augustin. Cet ordre semble avoir perdu de son importance vers 1360. Le couvent des Franciscains: Les Franciscains s'établirent à Bâle en 1231 et vers 1260 à Mulhouse grâce à des dons de l'évêque de Strasbourg permettant de construire une chapelle et un cloître. Le couvent dépendait de la province d'Alsace et de la custodie de Bâle. Ils se conformèrent, au début, assez strictement à la règle de pauvreté de l'ordre, mais cela fut contourné par le truchement des Clarisses qui n'étaient pas astreintes aux voeux de pauvreté et pouvaient acquérir des biens. Le couvent jouissait de la faveur de la noblesse de Mulhouse et du Sundgau qui y faisait recevoir ses fils comme frères. Il était surnommé le couvent de la noblesse (conventus nobilium). Vers le milieu du XIV e siècle, ils avaient supplanté l'influence des Augustins. On leur reprochait alors leur esprit agressif et leur âpreté au gain. Ce sont les Franciscains, plus que les Augustins, qui mirent un réel acharnement à spolier le clergé paroissial. Le couvent des Clarisses: D'après les Franciscains, l'origine du couvent des Clarisses de Mulhouse remonterait à 1283, après la formation préalable d'un conventicule. Elles n'appartenaient pas à la branche des "clarisses pauvres", mais à celle des Urbanistes" qui leur permettait de posséder des biens. Le recrutement se faisait surtout dans les rangs de la noblesse urbaine et rurale et du patriciat. Elles devinrent de grandes et riches propriétaires foncières. Leur église dont l'enclos était accolé à la chapelle paroissiale Notre Dame qui existait déjà. Elle fut consacrée à Ste Claire. Les béguines et Bégards: Le premier béguinage a été fondé en 1326 grâce au don au couvent des Clarisses de Mulhouse de soeur Gérine de Carspach du Tiers Ordre de St François, de sa maison située vis a vis des Franciscains. Les clarisses devaient tenir cette maison à la disposition de quatre pauvres soeurs du Tiers ordre de St François contre un cens de deux poules par an. Les jeunes filles dont le rang social ne leur permettait pas l'accès aux Clarisses se contentaient de s'engager dans le béguinat. Elles avaient une mère supérieure. Il semble qu'il n'y avait qu'une seule maison à Mulhouse même et quelques unes extra muros. A la fin du XIV e siècle, il n'en est plus fait mention. Les béguards étaient peu nombreux et n'avaient qu'une seule maison à Mulhouse. On les appelait les pauvres volontaires (willige Armen) Ils sont cités accessoirement dans deux chartes de 1375 et 1433, mais on ne sait rien de leur importance et activité. En 1433, ils étaient qualifiée de "gens honorables". Hospice des Dominicains: Fondé probablement vers 1250 , l'hospice de Mulhouse situé dans le quartier des Tanneurs dépendait des Dominicains de Bâle. Il comprenait une cuisine et un dortoir, mais ne semble pas habité en permanence par des frères. Donné en bail au début, il devint propriété privée de la famille Kulm au XV e siècle. Les dominicains n'ont pas réellement joué un rôle important à Mulhouse. Ils ne sont pas mentionnés pendant les luttes entre le clergé séculier et les ordres. Procure de Lucelle: La procure Cistercienne de Lucelle, créée vers 1224, a joué un rôle important dans l'histoire de la ville de Mulhouse. Elle était accolée à la porte de Bâle, sur les remparts. C'était la plus importante procure de l'abbaye avec des revenus de 23 livres vers l'an 1300. Elle était habitée par un procureur, un autre moine et quelquefois l'aide ponctuelle de 2 à quatre autres moines. Cette procure avait une chapelle dédiée à Ste Marguerite où on célébrait des messes tous les jours. Les Mulhousiens avaient une grande confiance et estime envers les cisterciens, comme on pourra le constater à la Réforme.: Ce furent les seuls représentants de l'église catholiques a qui le bourgmestre accorda le titre de bourgeois de la ville pour poursuivre leur activité économique, et ceci, jusqu'à la Révolution. Procure de Schoenensteinbach: Pour mémoire. Les religieuses du monastère de Schoenensteinbach appartenaient à une congrégation sous la règle de St Augustin et s'affilièrent ensuite aux dominicains. Elle possédaient une procure à Mulhouse qui, en 1294, appartenait déjà à un bourgeois de la ville. Possessions de couvents étrangers: De nombreux chapitres et couvents étrangers tiraient des revenus importants du finage de Mulhouse. Le plus important était le grand chapitre de la cathédrale de Bâle qui installa une procure dans la ville et qui joua un rôle considérable de 1350 jusqu'à la Réforme. |