La guerre des Paysans:

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 Après la guerre contre les Armagnacs et leurs exactions, le mouvement paysan ajouta une composante mythique a ses revendications politiques et économiques. On lisait l’Évangile et on l’opposait à la pratique de l'Église, on se grisait de justice sociale et de liberté. Des groupuscules réformistes se mirent à pulluler. Les consignes stéréotypées étaient d'ordre religieux: liberté aux paysans! égalité entre seigneurs et manants! nouvelles structures conformes au droit divin!. Le caractère évangélique et piétiste de ces groupes s'accommodait d'un sincère anticléricalisme et d'une visée démocratique, les clercs et les nobles ayant failli.

Il y eut le grand souffle de la réforme, la thèse de Luther et sa condamnation en 1521, son appel à la noblesse, la poussée "évangélique" des petites gens, de la classe besogneuse prête à se jeter sur les terres des évêques et des abbés. A ceci s'ajoute la fluctuation brutale du prix des céréales et du vin, les taxes de plus en plus lourdes et les tracasseries des seigneurs, qui , sur les deux rives du Rhin, débouchent sur la jacquerie des paysans.

Le 17 Avril 1525 se produisit un soulèvement général du nord au sud de l'Alsace. Environ 40.000 hommes se mobilisent et s'organisent en 7 bandes. Ils se donnent un chef, Erasme Gerber, et un programme:

-" Nous n'admettrons pour le curé que celui qui prêche le St Évangile avec clarté et pureté.

-Nous ne donnerons plus que la dîme des céréales, nous ne devons pas d'avantage en nous référant à l'Écriture.

- Aucun seigneur, qu'il soit ecclésiastique ou laïc ne doit posséder des gens qu'il puisse forcer, presser, contraindre à plaisir, à moins qu'ils ne l'aient mérité selon la sentence du juge; car le Christ nous a chèrement délivrés et rachetés avec son sang rose; que tous nous appartenions seulement à nous-mêmes. Et nous voulons être libres, mais pourvus d'une autorité chrétienne à laquelle nous obéirons en toute chose honnête conformément à l'Évangile, à notre gracieux seigneur l'empereur, et à tous les princes et seigneurs disposés à soutenir l'Évangile.

- Nous voulons posséder librement les animaux de la terre, les oiseaux de l’air, les poissons de la mer et de toute eau vive, comme Dieu l'a permis; de même, nous voulons disposer gratuitement du bois dans les forêts, selon nos besoins, pour que le pauvre homme puisse construire et chauffer sa maison autant que nécessaire, avec l'accord des personnes instituées dans le territoire."

Il est évident qu'avec un tel programme, le clergé et la noblesse ne pouvaient pas rester indifférents. Encouragé par une partie des Seigneurs alsaciens, le duc Antoine de Lorraine pénètre en Alsace avec une forte armée et encercle Saverne où sont regroupés 20.000 "rustauds". La répression fut terrible et plus de 25000 paysans furent massacrés fin Mai 1525. Ce fut l'échec de la révolte des paysans. Néanmoins ils réussirent à conserver leurs droits, leurs coutumes, et leur organisation villageoise.

C'est le 16 Avril 1525 que se forma à Eschentzwiller un groupe de paysans sous la conduite de Matthias Nithard, homme de 70 ans (1455-1528) et Prévôt (?) du village. Ces gens étaient si peu hostiles au clergé rural qu'ils se rendirent à Helfrantzkirch auprès du curé Berner, fervent révolutionnaire. Toute la nuit on fit ripaille dans la haute cave du presbytère. Benner fit tant et si bien que le nombre des insurgés, an départ, atteignit la centaine. De toutes les parties du Sundgau, comme si elles n'avaient attendu que le signal, d'autres bandes vinrent se joindre à la première. L'armée improvisée avait un drapeau de soie blanche portant en lettres d'or le nom du Christ.

Ce groupe de paysans recruta le 23 Avril 1525 à Bartenheim 6 enseignes de 500 mercenaires suisses chacune (3000 hommes au total) moyennant une solde mensuelle de 4 florins par homme, soit au total 12000 florins par mois! somme considérable pour l’époque. Ceci donne une bonne idée de la richesse de certains paysans d’Eschentzwiller à cette période!

Le 28 Mai, une partie des insurgés avait incendié plusieurs couvents et monastères, puis ils marchèrent vers Ensisheim, capitale des Habsbourg.

La cause des paysans sombra par les défaites de Saverne et de Scherwiller. Un armistice fut signé à Bâle en Juin 1525.Il permit à l'Archiduc Ferdinand de mettre sur pied une armée en règle. Dès l’expiration de l'armistice, il reprit l’initiative et repoussa les bandes regroupées par Henri Wetzel et leur imposa le pacte d'Offenbourg. Aussitôt Ensisheim commença la répression par l'incarcération où la pendaison de nombreux paysans et ecclésiastiques. Wetzel se réfugia à Mulhouse; Matthias Nithard ne semble pas avoir été inquiété, après avoir passé un certain temps à Bâle dont il a été ultérieurement expulsé (acte du 5 Avril 1526), il semble qu’il ait réintégré Eschentzwiller, peut-être comme Prévôt.

Les rustauds avaient rêvé, en éliminant la grande propriété des monastères, de reconstituer l’ancienne association marchaire avec sa distribution de terres et avec ses franchises. Malgré la victoire des grands seigneurs, les gens d'Eschentzwiller parvinrent toutefois à préserver certains de leurs droits. 

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Peinture murale sur un bâtiment public, ville de Rixheim, pour commémorer la guerre des paysans de 1525.

Ouvrage en Français très bien documenté, mais difficile à trouver

Imprimé 30 Dec. 1975 - Dépot légal Ier trimestre 1976 - N° editeur: 1659 - N° impression: 18166 - Editions sociales Paris - N° IBSN: 2-209-05183-5/1869-02-76-2000

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